24
avril 2016
LE COMBAT POUR
L’EGALITE A MAYOTTE
Il aura fallu huit mois de
dénonciations et de manifestations, ainsi que plus de deux semaines de
grève générale sur l’île de Mayotte pour amener enfin le gouvernement
à sortir de son mutisme. Plus que ces actions encore, c’est à n’en
pas douter la dérive et l’enveniment des mouvements de contestations sur
l’île ces derniers jours qui ont pu seuls ramener le ministère des Outre
mer à la table des négociations. Encore une fois hélas, c’est donc la
violence qui en dernier recours aura pu mettre un terme au mépris dont
les agents engagés dans le mouvement étaient jusque là victimes.
Bref rappel des faits : une
intersyndicale depuis septembre 2015 soutient sur place les
revendications légitimes de personnels récemment intégrés dans la
fonction publique d’une façon injuste et inégalitaire. L’Etat, qui
espérait par se biais réaliser de substantielles économies, ne s’est par
ailleurs toujours pas donné les moyens d’assurer une égalité réelle
entre les citoyens de la métropole et ceux de Mayotte (devenue
département français en 2011 suite à référendum) en matière de retraite,
de santé ou de droit du travail…
Suite à plusieurs journées de grève, la
Fédération Autonome de l’Education Nationale (FAEN), à laquelle
appartient le Syndicat Autonome des Enseignants de Mayotte (SAEM) a
publié le 11 avril un communiqué de presse (voir ci-dessous).
Le gouvernement faisant toujours la
sourde oreille, les incidents se sont multipliés sur l’île en quelques
jours avec l’amorce d’un mouvement de grève générale : barrages aux
principaux carrefours où ont eu lieu des accrochages avec des
automobilistes, caillassage des forces de l’ordre, violences, émeutes…
Après ces incidents regrettables, le
ministère a finalement accepté de recevoir les représentants de la large
intersyndicale portant le mouvement, dont le secrétaire générale du
SAEM, M. Momed Maoulida. Plusieurs décisions ont fait l’objet d’un
accord à Paris le 15 avril dernier :
- mise en œuvre effective du Code du
Travail de droit commun sur l’île pour le 1er janvier 2018,
- défense du principe d’application
immédiate à Mayotte des conventions collectives et accords de branche
conclus en métropole,
- clause de revoyure du taux
d’indexation avancée au premier trimestre 2017,
-
réexamen des reconstitutions de
carrière des agents dès le mois prochain,
- ouverture de discussions sur la
fiscalisation des IEG/ISG (indemnités de sujétion géographique),
- amélioration des conditions de
carrière des fonctionnaires ayant exercé à Mayotte,
- analyse du droit de la sécurité
sociale prévue pour le second semestre 2016
-engagement
immédiat des travaux avec les partenaires sociaux sur la question des
retraites
- analyse avant la fin de l’année de
l’impact de l’extension de la CMU complémentaire à Mayotte (promise par
le président de la République depuis 2014)
- mise en œuvre de la prime d’activité
au troisième trimestre 2016 (dont une ordonnance du 18 février dernier
précisait les modalités d’application spécifiques au département de
Mayotte)
- publication avant la fin de l’année
des textes relatifs à l’assurance vieillesse, notamment sur les
dispositions de revalorisation de l’ASPA (Allocation de Solidarité aux
Personnes Âgées).
A la suite de cet accord,
l’intersyndicale a suspendu le mouvement de grève générale le 16
avril.
Même si tous ces points d’accord
peuvent répondre à l’essentiel des demandes du mouvement, ceux qui le
portent et l’animent restent très méfiants à l’égard du gouvernement et
seront vigilants quant à la mise en œuvre réelle de toutes ces
bonnes intentions subites.
Mayotte : communiqué du 17/04/16
de l'intersyndicale
FAEN - CGT - CFDT
- FO - FSU - SOLIDAIRES
La mobilisation et les actions des
grévistes (syndiqués ou non) ont fait bouger les lignes. Une réunion de
négociation, présidée par la Ministre des Outre-mer et animée par son
directeur de Cabinet s’est tenue en urgence le 15 avril à Paris en
présence des Directeur de Cabinet de la Ministre de la Fonction
Publique, de la ministre des affaires sanitaires et sociales, de la
ministre du travail et d’un représentant du cabinet de la ministre de
l’Education Nationale.
Le 16 avril sur le barrage du carrefour
Ngouezi, l’intersyndicale après présentation, lecture et débat autour du
relevé de décision du vendredi 15 avril, a fait suspendre le mouvement
de grève générale, même si les grévistes ont fermement exprimé leurs
doutes quant à l’aboutissement des engagements pris par le gouvernement.
Le retour à la sérénité ne tient donc
qu’au respect de ce qui a été mentionné dans le relevé de conclusion, en
commençant par le calendrier qui a été fixé ; l’intersyndicale ne peut
donc que maintenir de façon accrue sa vigilance.
L’intersyndicale remercie en tout cas
les grévistes pour leur détermination et s’engage à leur tenir
régulièrement informer des évolutions.