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DOSSIERS

Sommaire :

- Quand l'école a mauvais genre !

- Loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la république.

- Sélections de textes officiels publiés au BO ou au JO.

- Harcèlement entre élèves.


Quand l'école a mauvais genre !

LES FAITS

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           La contribution de l’école à la reproduction des stéréotypes a été soulevée dans les années 80. Inconsciemment les enseignants ne traitaient pas exactement de la même façon filles et garçons. Cette situation a des incidences sur le comportement des enfants, sur l’estime de soi des filles et, à terme, sur les trajectoires professionnelles.

 

           En juillet 2013, un rapport de l’Inspection Générale sur l’égalité entre filles et garçons demandait notamment que « Les stéréotypes de genre soient déconstruits et mis à distance », tout particulièrement en primaire. Il réclamait aussi qu’une formation obligatoire des professeurs soit mise en place sur cette thématique.

Suivant les recommandations de ce rapport, le ministère a lancé une expérimentation à grande échelle (600 classes) dénommée les « ABCD de l’égalité » sur le modèle d’une action conduite par l’académie de Créteil.

Dans la précipitation, les différents échelons hiérarchiques de l’institution ont récupéré tout ce qui avait été fait, ici et là, le plus souvent dans le cadre d’une action militante. C’est ainsi qu’une liste d’une centaine de documents et d’ouvrages a été recommandée aux maîtres du primaire et mise sur le site du CNPD, sans véritable contrôle de l’inspection.

Certains partis politiques ont alors procédé à une exploitation politicienne de certains de ces documents accusant le ministère de vouloir inculquer aux élèves une « théorie du genre ».

 

L’ANALYSE DE LA FAEN

 

La reproduction de stéréotypes par l’Ecole est une réalité aussi ancienne que l’Ecole elle-même.

Mais l’égalité constituant l’un des principes cardinaux de notre République, il est logique que l’Ecole de la République contribue activement à la mise en place d’une égalité réelle entre tous les citoyens.

 

La démarche n’est donc pas contestable dans son principe. C’est donc au niveau des modalités de mise en œuvre et des supports pédagogiques choisis qu’il y a problème.

 

Le premier problème réside dans la précipitation avec laquelle ces expérimentations ont été lancées : sans préparation et formation suffisantes, sans contrôle des documents « recommandés » par les corps d’inspection et sans cadrage suffisant de leur part.

 

Le deuxième problème est posé par l’utilisation de documents inappropriés.

Des pédiatres et des psychologues portent des jugements sévères sur certains livres « recommandés » accusés de projeter sur des enfants des attitudes de sexualité d’adulte ou de présenter à des enfants trop jeunes des thèmes qu’il vaut mieux aborder avec eux plus tard.

 

Le troisième problème réside dans le glissement à partir du thème de l’égalité vers d’autres sujets de société, tel que la nudité.

Or, ce thème touche à l’intimité des familles qui ont des convictions et des approches différentes et qui sont d’après la loi les premières responsables de l’éducation de leurs enfants.

Ce n’est pas un hasard si l’exploitation politicienne s’est principalement portée sur le livre « Tous à poil » dont on peut citer : A poil les bébés ! A poil les voisins, le policier, la mamie, les footballeurs, la maîtresse, le docteur…

Imaginons le cocasse de la situation si au bord de la piscine, dans le cadre scolaire, les enfants ayant utilisé ce livre en classe se déshabillaient et se mettaient à crier « à poil la maîtresse ». Et quelle serait alors la réaction de l’IEN, du DASEN et du ministre, ayant tous recommandé l’usage de cet ouvrage, si la maîtresse suivait la préconisation du livre ? Il est probable qu’elle serait suspendue et sanctionnée.

 

La FAEN condamne toute exploitation politicienne du fonctionnement de l’Ecole mais le meilleur moyen d’éviter cette exploitation c’est d’éviter de prêter le flanc à la critique.

 

Certains de ces documents et toute cette agitation mettent mal à l’aise nombre de parents et d’enseignants qui rencontrent déjà suffisamment de difficultés dans l’accomplissement de leur tâche.

 

Le ministère ne cesse d’empiler de plus en plus d’éléments de formation dans un temps qui n’est lui pas extensible et d’ajouter de nouvelles priorités aux priorités existantes dans les programmes et le déroulement de la classe

Quand tout est prioritaire, plus rien ne l’est !

Les professeurs des écoles doivent traiter en 15 à 20 heures effectives par semaine des programmes de 2008 prévus pour 26 heures. Avec le résultat que l’on sait dans les évaluations internationales. Le ministre oublie sûrement qu’une partie importante de son travail doit consister à nous permettre de faire le nôtre dans de bonnes conditions.

 

Après avoir allumé la mèche, le ministre renvoie maintenant sur les professeurs des écoles le soin de choisir l’utilisation ou non des livres contestés. Pas très courageux !

 

Paris, le 5 Mars 2014

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LOI D’ORIENTATION

ET DE PROGRAMMATION

POUR LA REFONDATION

DE L’école DE LA République

 

Pendant la campagne électorale, le Président de la République s’était engagé à promulguer une « loi d’orientation et de programmation » pour l’Education après avoir conduit une large consultation et consulté le Parlement.

La FAEN est en désaccord avec ce projet de Loi globalement négatif.

 

Accéder au contenu de ce dossier.

 



Sélection

de textes officiels.

 

Vous trouverez dans cette rubrique l'essentiel des textes publiés au JO et au BO.

   Cliquez ici.



Harcèlement entre élèves.

 

Des assises nationales sur le harcèlement à l’école ont eu lieu les 2 et 3 Mai 2012 au lycée Louis le Grand à Paris avec une bonne partie des acteurs déjà réunis il y a un peu plus d’un an à la Sorbonne pour « Les états généraux de la sécurité à l’école ».
Eric Debarbieux a présenté le rapport qu’il a fait à la demande de Luc Chatel au sujet du « harcèlement entre pairs à l’école » volontairement limité au harcèlement entre élèves.
 

Le rapport

• On relève en premier lieu, non la découverte d’un fait social avéré de longue date, le harcèlement, mais la mise en évidence de son ampleur : un élève sur 10, à des degrés plus ou moins importants, a été, est ou sera concerné par ce phénomène si rien ne change,.
Phénomène qui se caractérise par différentes formes : violences verbales ou symboliques (surnoms, moqueries, rumeurs, ostracisme, insultes, menaces, racisme), violences physiques (pincement et tirage de cheveux, bousculade, coups, bagarres collectives, jets d’objets), vol et dommage aux biens (dont racket), violence à connotation sexuelle.

Fruit de plusieurs enquêtes, croisées avec des recherches internationales, cette ampleur surprend et sa lecture coupe court très rapidement à une formule des plus classiques : “le harcèlement, ça existe depuis toujours, c’est normal, c’est comme cela, un truc naturel ou dans la nature des choses”. Longtemps, le corps social a dit la même chose des violences faites aux femmes ou de la maltraitance des enfants …
• En second lieu, une étude fine sur les conséquences du harcèlement. Conséquences scolaires, tout d’abord, de santé mentale, ensuite, pour les harcelés mais aussi pour les harceleurs et de sécurité publique, enfin, qui conduit l’auteur du rapport à inviter à une prévention aussi précoce que possible, dès l’école maternelle.
Prévention précoce, ajoute-t-il, qui n’a rien à voir avec un quelconque fichage précoce, je cite : “Il ne faudrait quand même pas que pour des raisons idéologiques nous cessions de penser à l’importance de la prévention”.
• En troisième lieu, une analyse des causes du harcèlement. Des causes et non de la cause unique typique des sociologies de comptoir. Vous en retrouverez dans les éléments du rapport repris dans ce bulletin.
• En quatrième lieu, une étude sensible sur la double peine des victimes et sur le devenir des “harceleurs”, lignes aussi loin que possible de la caricature ou du simplisme des explications toutes faites. L’attention est ainsi attirée sur le fait que le suivi des harceleurs est tout aussi important et nécessaire que celui des victimes.
• En cinquième lieu, enfin, Eric Debarbieux propose un ensemble de principes et de propositions d’action et de prévention lesquels découlent de la synthèse de ces travaux. Cependant, le mieux reste indiscutablement la lecture complète du rapport.
 

Journées des assises

Mais c’est la suite qui embarrasse : un discours ministériel contenant déjà les mesures faisant suite à ces assises qui commençaient à peine … et, in fine, un accord qui a fait bourdonnement (buzz, pardon) avec “Facebook France” sur le développement exponentiel du harcèlement virtuel.
Des interventions qui ont laissé les participants sur leur faim, en particulier lorsqu’elles promouvaient des produits virtuels. Des ateliers pas toujours interactifs …
L’un d’eux, a été consacré aux nouvelles formes de harcèlement liées au développement des nouvelles technologies. La distinction entre l’espace privé et celui de l’école s’efface. Les propos tenus sur un réseau social lus le soir chez soi peuvent déclencher un harcèlement se poursuivant dans la journée, y compris dans l’école. Par le biais des nouvelles technologies, le harcelé peut à son tour devenir harceleur.
Un représentant de la société Facebook a proposé un partenariat avec l’Ecole nationale : sur signalement du ministère, les comptes des harceleurs seraient fermés.
Pour le reste, attendons quelques mois, comme pour les états généraux sur la sécurité à l’école, pour savoir si ces assises auront été autre chose qu’un nouveau “coup médiatique et de communication” ou bien si le temps long de l’éducation l’emportera sur l’écume des jours.
Pour l’heure, les mesures annoncées par le ministre : “ce n’est pas une affaire de postes en plus ; la ministre de l’enseignement supérieur verra avec les présidents d’Université pour la formation des professeurs ; de nouveaux textes sur les mesures disciplinaires sont à venir avant la prochaine rentrée (on les attend depuis la précédente)” auront permis à chacun (syndicats enseignants, fédérations de parents d’élèves, unions lycéennes) de retrouver leurs couleurs et leurs discours habituels relayés par la presse, spécialisée ou non.

 

Qu’en sortira-t-il au bout du compte ?

Le constat d’une nécessaire formation des enseignants qui restent la plupart du temps dans l’ignorance des faits. Les universités mettront-elles en place les modules de formation préconisés ?
Les chefs d’établissements seront destinataires d’un kit à la rentrée. Ils seront amenés sans doute à remplir de nouvelles enquêtes et la problématique du harcèlement fera partie de leur référentiel de formation.
Le rapport a au moins le mérite de faire prendre conscience d’un phénomène hélas trop répandu que les adultes se doivent d’endiguer.

 

Extraits du rapport d’Eric Debarbieux « Refuser l’oppression quotidienne : la prévention du harcèlement à l’école »

 

Une des formes de violence les plus fréquemment étudiées dans le monde est ce que les anglo-saxons nomment le «School Bullying» qu’on pourrait traduire par harcèlement et maltraitance entre pairs à l’École.
Pourquoi lutter contre le harcèlement à l’École ?
« La relation entre la violence et les apprentissages a fait l’objet de nombreuses recherches et il s’avère que le fait d’être exposé de façon régulière à des comportements violents altère les fonctions cognitives telles que la mémoire, la concentration, les capacités d’abstraction. Les enfants victimes d’ostracisme ont une opinion plus négative de l’École, mettent en place des stratégies d’évitement et sont donc plus souvent absents, et ont des résultats scolaires inférieurs à la moyenne.
Agir sur le harcèlement à l’École pourrait paraître très secondaire, au regard de ce qu’est le cœur de mission de l’enseignement : la transmission des connaissances. Cependant, cette transmission est largement contrariée par le phénomène : décrochage scolaire, absentéisme, troubles de la concentration et de la mémoire sont largement corrélés au harcèlement.
La maltraitance et le harcèlement entre élèves peuvent avoir également des conséquences sur l’ensemble du climat d’une classe ou d’un établissement. Il est en particulier démontré par une recherche finlandaise comment un groupe d’enfants témoin de harcèlement avait une vision négative de l’École et comment les enseignants perdaient de leur aura en étant incapables de protéger les élèves ».


Les causes du harcèlement à l’École
« À la limite on peut dire que rien n’est en soi cause du harcèlement à l’École : la monoparentalité seule, par exemple, n’explique rien, n’est pas une cause de la violence, pas plus qu’aucun facteur pris isolément. Tout est question de combinaison de facteurs de risque dans l’augmentation de la probabilité de développer des troubles soit internalisés (dépression, perte d’estime de soi, …) ou externalisés (dont l’agressivité). Il en va de même dans la capacité de chaque individu à faire face à un événement ou à une situation, ce qu’on appelle sa capacité de résilience. Les facteurs de risque ne sont donc pas un signe du destin, une temporalité tragique où tout est déjà trop tard, encore moins une assignation à délinquance et à marquage social. Ils sont le signe d’une vulnérabilité surmontable ».
Le rapport dénombre cinq types de facteurs : personnels (garçons, faible intelligence, caractéristiques physiques), familiaux (laxisme parental, violence, surprotection, …), socioéconomiques (pauvreté, …), facteurs associés à l’influence des pairs (phénomènes liés à la bande et à la participation à ses “activités”) et facteurs associés à l’Ecole (conflits ou désaccords entre adultes, règles de vie peu claires ou surtout centrées sur la sanction et les punitions…) seule l’association de certains facteurs est explicative de comportements violents.
« Une personne ou une cible est vulnérable si elle peut être attaquée sans que son agresseur ne s’expose directement à des déboires, des représailles ou à des sanctions. La vulnérabilité se définit donc par la faiblesse du système défensif censé protéger une personne ou une propriété : force physique, réseau de solidarité, vigilance, verrous, alarmes, système de surveillance. Le pari majeur est bien d’augmenter le réseau de solidarité, et l’empathie pour les victimes et leurs familles ».
Prévenir et agir contre le harcèlement entre pairs à l’École : propositions
« Ajouter une charge de service aux enseignants n’est tout bonnement guère praticable, par volonté syndicale et parce que les enseignants sont déjà suffisamment épuisés. Comme le dit Hargreaves : le challenge est de travailler mieux, pas plus durement.
Le problème est de ne pas considérer ces problèmes de harcèlement comme une «charge de plus» dans le travail routinier de l’enseignement et de l’éducation, mais bien comme une partie intégrante de celui-ci. Ceci implique un changement de perspective radical, dans la définition des charges d’enseignement, dans la formation des enseignants, dans l’aide aux enseignants et dans l’évaluation des enseignants ».
Eric Debarbieux fait 15 propositions :
Connaître et reconnaître le harcèlement entre pairs
• campagne d’opinion à destination des jeunes,
• recensement et création d’outils de sensibilisation et de réflexion,
• responsabilisation des médias et des opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès à internet : campagne nationale de sensibilisation en population générale,
• reconnaître c’est aussi connaître : enquêtes de victimation et recherches.
Miser sur la formation
• reconnaître c’est savoir écouter : avec une formation prioritaire des personnels «relais»,
• la formation initiale et continue des enseignants et des personnels.
Les mobilisations collectives
• faire de l’École la plaque tournante des services offerts aux jeunes en difficulté et à leurs familles,
• le plan d’intervention comme un droit,
• affirmer le principe d’inclusion maximale,
• mobiliser des équipes (augmentation de la qualité du “vivre-ensemble”, utiliser les heures de vie de classe, l’éducation civique, alléger les tâches perçues comme vides de sens et bureaucratiques…),
• promouvoir la place des élèves et des parents dans la prévention (rôle des délégués),
• pour une utilisation proactive des réseaux sociaux.
La répression du harcèlement
• l’inefficacité des renforcements négatifs. Vers la justice restaurative (toute non-réponse est une autorisation à continuer, établir des règles claires, restaurer la confiance de la victime…),
• le cas du harcèlement chez les jeunes adultes,
• le rappel de la responsabilité des témoins et des fonctionnaires.
Et il conclut : « Lutter contre le harcèlement à l’École, c’est aider à faire diminuer le taux de suicide et celui de la dépression, c’est vouloir que moins de vies soient précocement brisées, durablement meurtries ou gâchées pour une dérisoire conquête de la domination ordinaire ».