Droit de
correction ou violence ?
Un enseignant de lettres avait
été amené, suite aux agissements d’élèves perturbateurs d’une
classe de sixième, « à leur tirer les oreilles et à leur donner
des tapes sur la tête ».
Des parents d’élèves avaient
immédiatement porté plainte auprès du chef d’établissement pour
« violences physiques à l’égard des élèves », plainte relayée
auprès du rectorat de l’académie de Rouen. Le recteur avait
sanctionné, en juin 2005, ce professeur en le déplaçant d’office
dans un autre établissement de l’académie, sanction qu’il avait
confirmée, en octobre 2007, malgré l’avis de la commission de
recours du Conseil supérieur de la Fonction Publique qui avait
conseillé de substituer un blâme au déplacement d’office.
En 2008, le ministre rejetait
le recours gracieux du professeur et en 2010, le tribunal
administratif de Rouen déboutait ce collègue qui avait demandé
l’annulation de ces décisions.
Saisie par l’enseignant, la
Cour administrative d’appel de Douai vient de rendre son
jugement concernant cette affaire. Le Tribunal considère
notamment que si « le collègue avait pour pratique de tirer
l’oreille et donner des tapes sur la tête à des élèves
perturbateurs, les pièces du dossier ne permettaient pas de
tenir pour établi qu’il avait infligé de véritables violences ou
sévices physiques à ses élèves ».
En conséquence, la cour a
annulé le jugement du tribunal administratif de Rouen et les
décisions du recteur d’académie et du ministre. De plus, il a
condamné l’Etat à verser à ce collègue une somme de 1 500 €.
Ce cas nous démontre encore une
fois que « le pot de terre » peut parfois vaincre « le pot de
fer » à condition d’avoir la volonté tenace, l’opiniâtreté
nécessaire lorsqu’on est convaincu que l’administration a
outrepassé ses droits ou ses prérogatives.
Certes, nous ne pouvons
défendre le recours aux violences physiques même si de plus en
plus de collègues sont confrontés à des situations très
difficiles dans leurs classes.
Si le rectorat a monté cette
affaire en épingle, il se retrouve maintenant avec deux
professeurs légalement affectés sur le même poste !
Plusieurs collègues adhérents
au SNCL ou à d'autres syndicats de la FAEN ont connu, eux aussi,
une conclusion heureuse à leur conflit avec l’administration
grâce à l’appui constant et aux conseils pratiques de leur
syndicat. A méditer !